Appel à « éliminer » des avocats anti-RN : une enquête ouverte contre le site d’extrême droite « Réseau Libre »

Appel à « éliminer » des avocats anti-RN : une enquête ouverte contre le site d’extrême droite « Réseau Libre »

Le parquet de Paris a ouvert une enquête après la publication, le 3 juillet 2023, d’un article sur le site d’extrême droite « Réseau Libre », appelant explicitement à « éliminer » des avocats ayant signé une tribune contre le Rassemblement national (RN). Cet appel, visant une centaine d’avocats, a provoqué une vive indignation et conduit à des actions judiciaires, marquant un nouveau tournant dans les menaces contre les professionnels du droit en France.

Une liste d’avocats à « envoyer dans un fossé »

Tout est parti d’une tribune publiée dans le journal Marianne par des avocats dénonçant les dangers d’une éventuelle victoire du RN lors des élections législatives anticipées de juillet 2023. En réponse, « Réseau Libre » a diffusé une liste d’avocats, qualifiés de « vermines en robe noire », et appelant à les « envoyer dans un fossé ou dans un stade ».

La gravité de cet appel au meurtre, illustré par une photo d’exécution à la guillotine, a conduit le barreau de Paris à saisir immédiatement le parquet de Paris. Le Syndicat des avocats de France (SAF) et d’autres associations ont également exprimé leur indignation, dénonçant cette première en France : un appel explicite à tuer des avocats.

Selon le vice-bâtonnier de Nanterre, Me Fabien Arakelian, cette liste est « extrêmement inquiétante » et constitue une menace directe pour la profession, considérée comme « sentinelle de la liberté et garante de l’État de droit ». En parallèle, la bâtonnière de Paris, Julie Couturier, a exprimé sur les réseaux sociaux tout son soutien aux avocats visés et condamné fermement ces menaces.

Une enquête pour menaces de mort et cyberharcèlement

Le parquet de Paris a réagi rapidement en confiant l’enquête au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH), qui a saisi l’Office anti-cybercriminalité de la police judiciaire de Versailles. Les chefs d’accusation portent sur des menaces de mort et du cyberharcèlement. Plusieurs avocats, notamment Mes Yann Le Bras et Céline Astolfe, ont déposé plainte contre le site.

Le site « Réseau Libre », hébergé en Russie, a depuis été rendu inaccessible en France à la suite d’une décision judiciaire. Les fournisseurs d’accès à Internet ont été contraints de bloquer l’accès au site, qui affichait encore quelques jours plus tôt un message d’excuse avant de disparaître complètement.

Menaces contre d’autres personnalités publiques

Les avocats ne sont pas les seuls à avoir été ciblés par le site d’extrême droite. Des journalistes, élus et autres personnalités publiques ont également fait l’objet de menaces de mort. Nassira El Moaddem, journaliste pour Arrêt sur images, a été visée par des appels explicites à la tuer, peu après avoir critiqué le RN sur les réseaux sociaux. Son numéro de téléphone a été publié, ainsi que celui de l’eurodéputé socialiste Raphaël Glucksmann. Le site avait également diffusé une liste intitulée « la liste des candidats à la balle dans la nuque », comprenant 180 noms de journalistes, responsables syndicaux et politiques.

Mobilisation des avocats et réactions politiques

En réaction à ces menaces, des centaines d’avocats ont manifesté dans plusieurs villes de France, notamment au Mans, à Lyon et devant le tribunal de Créteil. Ils ont exprimé leur solidarité envers leurs confrères visés par « Réseau Libre ». Les avocats, membres de la « brigade du droit contre le Rassemblement national », se mobilisent désormais pour contrer ces menaces, en soulignant l’importance de défendre l’État de droit face aux dérives extrémistes.

Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a également condamné fermement ces appels à la violence, affirmant que « la démocratie est en danger lorsque des listes d’avocats à éliminer sont publiées ». Il a exprimé son soutien aux avocats visés et réaffirmé l’importance de lutter contre la haine en ligne.

Une attaque contre l’État de droit

Ces appels au meurtre contre des avocats et d’autres personnalités publiques révèlent une menace croissante pour la démocratie en France. Comme l’a souligné Me Jérôme Giusti, l’un des initiateurs de la tribune anti-RN, « les avocats sont les premiers attaqués parce qu’ils représentent l’État de droit ». Cet incident rappelle que les professionnels du droit, garants des libertés individuelles et de la justice, sont en première ligne face aux attaques de l’extrême droite.

L’enquête ouverte par le parquet de Paris pourrait permettre de réprimer les auteurs de ces menaces, tout en soulignant l’importance de la lutte contre le cyberharcèlement et la haine en ligne. La fermeture du site « Réseau Libre » constitue une première victoire dans ce combat, mais la vigilance reste de mise pour assurer la sécurité des avocats et des autres personnalités menacées.

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