Le monde judiciaire et politique de Belfort est en deuil. Alain Dreyfus-Schmidt, avocat pénaliste de renom, est décédé mardi 14 novembre, à l’âge de 61 ans, après une longue lutte contre un cancer généralisé. Fils de l’ancien sénateur socialiste Michel Dreyfus-Schmidt et petit-fils de Pierre Dreyfus-Schmidt, ancien maire de Belfort, il laisse derrière lui l’héritage d’une carrière marquée par un sens aigu de la justice, un engagement politique fort, et une personnalité aussi complexe qu’attachante.
Une figure atypique et provocatrice du barreau
Né le 7 octobre 1962, Alain Dreyfus-Schmidt revendiquait avec fierté ses origines juives tout en se déclarant agnostique. Il tirait de l’histoire de son peuple une philosophie de fraternité avec les personnes marginalisées, qu’il défendait sans relâche. Connue pour son éloquence percutante et ses plaidoiries parfois provocatrices, la figure du barreau de Belfort avait un sens aigu de la justice, n’hésitant pas à plaider pour les causes les plus difficiles.
Que ce soit pour défendre des clients issus de communautés discriminées ou pour s’attaquer à des cas complexes comme celui du double parricide de Lebetain, sa ténacité à la barre ne laissait personne indifférent.
L’une de ses affaires les plus notables restera celle du parricide de Lebetain, où il avait obtenu, contre toute attente, la relaxe de son client, un jeune homme de 15 ans accusé d’avoir tué ses parents. Ce procès marqua l’histoire judiciaire nationale, à l’image de ses prises de position sur des sujets tels que la dépénalisation du cannabis.
Un homme sans filtre, engagé à gauche
Alain Dreyfus-Schmidt ne cachait rien, ni de sa personnalité, ni de ses convictions. Homme « libre, outrageusement libre », comme le décrit son fils Hugo, il refusait tout compromis face aux injustices et n’avait aucun tabou. Sa liberté d’expression, parfois jugée outrancière, lui valait d’être un personnage à la fois redouté et respecté. Plusieurs fois candidat aux élections locales à Belfort, il siégea comme conseiller municipal d’opposition de 2014 à 2020, toujours fidèle à ses convictions politiques de gauche.
Ses collègues de la gauche locale se souviennent de lui comme d’un « écorché vif », un homme profondément sensible aux injustices. Samia Jaber, conseillère municipale d’opposition, se souvient d’un « adulte qui avait gardé son cœur d’enfant », dont les envolées passionnées étaient pardonnées car elles révélaient une véritable bienveillance.
Un héritage familial ancré dans l’histoire de Belfort
Alain Dreyfus-Schmidt portait un nom intrinsèquement lié à l’histoire de Belfort. Son grand-père, Pierre Dreyfus-Schmidt, avait été maire de la ville et député, tandis que son père, Michel Dreyfus-Schmidt, fut vice-président socialiste du Sénat et un acteur majeur dans la réforme du code de procédure pénale. Malgré le poids de cet héritage, Alain avait su tracer sa propre voie, forgeant une carrière brillante et autonome, bien qu’il avouait lui-même que suivre les traces de ses prédécesseurs n’avait pas été chose facile.
Un dernier adieu à une personnalité marquante
Les obsèques d’Alain Dreyfus-Schmidt se dérouleront jeudi 16 novembre à 15h au cimetière israélite de Belfort, selon ses souhaits, sans fleurs ni couronnes. Sa femme, Stéphanie Frelin Dreyfus-Schmidt, évoque un homme d’une « simplicité et d’une générosité exemplaires » dans l’intimité, loin des salles d’audience où il brillait par sa combativité et son franc-parler.
Le maire de Belfort, Damien Meslot, a salué la mémoire d’un « avocat brillant » et d’un « adversaire politique déterminé ». Pour ses proches et collègues, il restera celui qui, à chaque prise de parole, se battait sans relâche contre l’injustice.
Alain Dreyfus-Schmidt laisse derrière lui un fils, Hugo, âgé de 30 ans, ainsi que des proches et des collègues qui se souviendront d’un avocat au grand cœur, d’un défenseur acharné des droits humains, et d’un homme à l’esprit libre et indomptable.
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